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CHAPITRE I.


assurément supérieure à ce que peuvent et obtiennent notre raison et notre entendement. Que personne donc n’ait la présomption de rien dire, même de rien penser touchant la suressentielle et mystérieuse nature de Dieu, que ce qui nous en a été manifesté d’en haut par les saints oracles. Car à la divinité seule appartient de connaître infiniment son infinie perfection, qui surpasse tout discours, toute pensée, toute substance ; mais l’homme l’ignore. Seulement élevons le regard vers les cieux, autant que la lumière des paroles divines voudra nous éclairer, et pleins de discrétion et de sainteté en ce qui regarde ces mystères, n’aspirons pas aux plus sublimes splendeurs. En effet, d’après les profonds et véridiques enseignements de la théologie, les choses divines sont révélées et données en spectacle à chaque intelligence selon sa force propre ; et la bonté éternelle, usant d’une salutaire et sainte réserve, ne livre pas aux choses finies toute son incompréhensible immensité. Car, comme ce qui est intelligible ne peut être vu et saisi par les choses sensibles ; ni ce qui est simple et immatériel, par les choses multiples et composées ; ni enfin ce qui est incorporel, impalpable, sans figure et sans formes, par les choses revêtues de figures et de formes corporelles : ainsi, et par le même principe, l’infini dans son excellence reste supérieur à tous les êtres ; l’unité suréminente échappe nécessairement à toute conception ; unité sublime, nulle pensée ne peut l’atteindre et nulle parole n’exprime cet inexprimable bien ; unité mère de toute autre unité, nature suprême, intelligence incompréhensible, parole inénarrable, sans raison, sans entendement, sans nom ; elle n’existe point à la façon des autres existences ; auteur de toutes choses,