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XXVIII
INTRODUCTION.


le langage technique de la théologie qu’en conséquence du concile d’Alexandrie, célébré en 362 par les soins de saint Athanase. Néanmoins ce n’est pas là qu’elle paraît pour la première fois ; et, pour n’être pas d’un fréquent usage chez les auteurs ecclésiastiques, elle ne laissait pas d’être connue et employée. Car le concile de Nicée, sans vouloir alors fixer définitivement le sens de ce terme, s’en était servi pour désigner la personnalité, comme le démontre saint Basile[1]. Quelque temps auparavant, le prédécesseur d’Athanase, Alexandre, adressait à l’évêque de Constantinople, son homonyme, une lettre qui nous a été conservée par Théodoret, et où il emploie le même mot pour exprimer la même pensée que notre auteur[2]. De plus, dès l’an 260, saint Denys d’Alexandrie écrivait également qu’il y a en Dieu plusieurs hypostases[3]. On pourrait ajouter que ce mot d’hypostase se trouve dans l’exemplaire grec de l’épître aux Hébreux, χαραϰτὴρ τῆς ὑποστάσεως que la Vulgate rend, il est vrai, par substance[4], mais que des anciens traduisaient par personne[5].

D’ailleurs, il faut bien admettre que quelqu’un se servit le premier de ce terme, et lui donna la valeur qui lui est restée. Pourquoi veut-on que le philosophe Denys n’ait pu le connaître et l’employer aussi bien que tout autre, même avant tout autre ? Apparemment les apôtres savaient exactement le mystère d’un Dieu en trois personnes ; apparemment encore, ils l’ont fidèlement transmis à leurs disciples : pourquoi ceux-ci, à leur tour, n’auraient-ils pas exprimé avec justesse ce qui leur avait été expliqué avec précision, ce qu’ils croyaient avec amour ? Et parce que saint Denys ne tint réellement aucun compte d’une polémique qui n’était pas née, comment peut-on lui faire un reproche d’émettre en toute tranquillité d’âme une expression dont le sens n’était point contesté ?

  1. Epist. 125, apud collect. select. Patrum, t. XLVI.
  2. Ad Alex. Cf. apud collect. Patrum, t. XVIII.
  3. Apud collect. concilior. Labbaei, t. I.
  4. Epist. ad Haebr., cap. 1, 3.
  5. Basil., Epist. 38, apud collect. Patrum. t. XLV.