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profusion ses inspirations toutes divines. Aussi les très-saintes intelligences de cet ordre élevé au-dessus des cieux n’ignoraient pas que le très-divin Jésus voulût être sanctifié ; elles savaient au contraire que dans sa douce et ineffable bonté il était venu en notre humanité ; et le voyant sanctifié en sa chair par le Père et par lui-même et par l’Esprit, elles le reconnurent néanmoins à ses œuvres divines comme leur propre principe, et comme n’ayant subi en son essence aucun changement. C’est ce qu’enseigne symboliquement la tradition ; c’est ce qu’elle sait et représente quand elle place l’emblème des séraphins sur le baume précieux qu’on va consacrer, et qui figure le Christ prenant réellement toute notre humanité, sans altération de sa divinité. Il y a quelque chose de plus encore ; c’est qu’on se sert de cette huile bénite en toutes les consécrations religieuses, pour mettre en évidence, selon le mot des Écritures[1], que celui qui fut sanctifié et qui sanctifie demeure constamment le même dans la diversité des œuvres que sa bonté opère. Voilà pourquoi des onctions faites avec le saint chrême accompagnent la grâce perfectionnante de la régénération divine qui nous est donnée au baptême. De là vient, à mon avis, que le pontife forme des signes de croix en versant l’huile dans le baptistère où s’expient nos péchés, et fait voir aux yeux contemplatifs que Jésus-Christ est descendu dans la mort qu’il souffrit sur la croix pour nous rendre enfants de Dieu, et que, par le mystère de ce divin et victorieux abaissement, ceux qui sont baptisés dans sa mort, comme dit l’Écriture, il les arrache à cet ancien gouffre de corruption lamentable,

  1. Heb., 2, 11.