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étaler avec vaine gloire ces vertus d’agréable parfum, qui les rendent heureusement semblables à notre Dieu caché. En effet les secrètes et si excellemment suaves beautés de Dieu ne se prodiguent pas ; mais elles se révèlent d’une façon intelligible seulement aux hommes de vie intérieure, et veulent trouver dans les âmes de pures et parfaites images d’elles-mêmes. Car l’image de la vertu divine doit reproduire fidèlement son original, et contemplant du regard de l’intelligence la douce beauté, se modeler ainsi et se façonner sur ce type merveilleux. De même que, dans un ordre de choses matériel, le peintre, s’il considère fixement son original sans détourner la vue sur aucun autre objet, sans diviser son attention, doublera pour ainsi dire celui qui pose devant lui, et offrira la vérité dans sa ressemblance, le modèle dans son image, et à part la différence des substances, les reproduira l’un dans l’autre ; ainsi par la constante et studieuse contemplation du suave et mystérieux archétype, les peintres spirituels, amis du beau, obtiendront de ressembler à Dieu avec une admirable exactitude. Aussi s’occupant sans relâche de façonner leur âme à la ressemblance de la perfection intelligible qui est si ravissante, ils ne pratiquent aucune de leurs sublimes vertus pour être vus des hommes, comme parle l’Écriture ; mais cette huile tenue sous voile est un précieux symbole où ils apprennent que l’Église cache ce qu’elle a de plus sacré. C’est pourquoi, vivantes images du Seigneur, ils ensevelissent religieusement au fond de leur âme leurs saintes et divines vertus ; et le regard exclusivement fixé sur la suprême intelligence, ni ils ne sont visibles pour ceux qui ne leur ressemblent pas, ni ils ne sont tentés de les regarder eux-mêmes. Aussi, fidèles à leur