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renversa la domination qu’exerçait sur nous la troupe rebelle des démons. Par sa bonté, il opéra dans nous une transformation complète : car il inonda d’une douce et divine lumière l’obscurité de notre esprit et il orna de grâces célestes notre difformité spirituelle ; il affranchit la maison de notre âme et des viles passions et des souillures hideuses, en sauvant notre nature menacée d’une totale ruine, et il nous apprit à monter vers le ciel et à mener une vie divine par la conformité que nous tâcherons d’avoir avec lui.

XII. Mais comment se pourrait accomplir cette ressemblance, sinon en renouvelant tous les jours par les bénédictions et sacrifices sacrés la mémoire des œuvres divines ? C’est aussi ce que nous faisons en mémoire du Christ, comme disent les Écritures[1]. Voilà pourquoi l’hiérarque, debout au saint autel, bénit les œuvres admirables que, dans sa providence, Jésus-Christ a faites pour le salut du genre humain, par le bon plaisir du Père dans le Saint-Esprit, pour parler comme nos oracles. Quand donc il les a louées, quand, par l’œil de l’entendement, il les a contemplées avec un pieux respect, il procède à la célébration mystique du sacrifice en la manière que Dieu a instituée. Étant donc payé le tribut de louanges à la divine bonté, saisi de cette crainte que la religion réclame d’un pontife, il s’excuse d’oser approcher ces mystères si excellents, et il s’écrie au Seigneur : « Vous l’avez dit : Faites ceci en mémoire de moi[2]. » Puis il demande la grâce de n’être pas indigne de ce ministère par lequel l’homme imite un Dieu, et de retracer Jésus-Christ dans la célébration et la distribution des choses sacrées, et que ceux

  1. Luc., 22, 19.
  2. Ibid.