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de sauver toute créature intelligente, les anges et les hommes. Mais le salut n’est possible que pour les esprits déifiés, et la déification n’est que l’union et ressemblance qu’on s’efforce d’avoir avec Dieu.

Le but commun de toute hiérarchie, c’est l’amour de Dieu et des choses divines, amour généreux, céleste dans son origine, pur dans ses intentions ; c’est, même avant tout, la fuite, l’éloignement absolu de ce qui est contraire à la charité ; c’est la connaissance des choses dans la réalité de leur être, la vue et la science des vérités sacrées ; c’est enfin la participation à la simplicité ineffable de celui qui est souverainement un, et le banquet mystique de l’intuition qui nourrit et divinise l’âme contemplative.

IV. Nous disons donc que, par un décret d’amour, cette suprême béatitude qui possède la divinité par nature et y fait participer ceux qui sont dignes de cette glorieuse transformation, a établi la hiérarchie pour le salut et la déification de tous les êtres, soit raisonnables, soit purement spirituels. Seulement, pour les bienheureuses essences qui habitent les cieux, cette institution n’a rien de sensible et de corporel ; car ce n’est point par l’extérieur que Dieu les attire et les élève aux choses divines ; mais il fait étinceler au dedans d’elles-mêmes les purs rayons et les splendeurs intelligibles de son adorable volonté. Au contraire, ce qui leur est départi uniformément et pour ainsi dire en masse, nous est transmis, à nous, comme en fragments et sous la multiplicité de symboles variés dans les divins oracles. Car ce sont les divins oracles qui fondent notre hiérarchie. Et par ce mot il faut entendre non-seulement ce que nos maîtres inspirés nous ont laissé dans les saintes Lettres et dans leurs écrits théologiques, mais encore ce qu’ils ont transmis à leurs