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noir, il symbolise la faculté de mettre en rapport et de concilier ensemble les extrêmes, d’incliner sagement le supérieur vers l’inférieur, et d’appeler ce qui est moins parfait à s’unir avec ce qui est plus élevé.

Mais si nous ne cherchions une certaine sobriété de discours, nous eussions pu appliquer avec quelque bonheur aux puissances célestes toutes les qualités et les formes corporelles de ces divers animaux, par des rapprochements où la similitude éclaterait au travers de différences sensibles : comme si nous voulions voir, par exemple, dans l’irascibilité des brutes, cette mâle énergie des esprits, dont la colère n’est qu’un obscur vestige, ou bien dans la convoitise de celles-là, le divin amour de ceux-ci[1], ou, pour tout dire en un mot, dans les sens et les organes des animaux sans raison, les pensées si pures et les facultés immatérielles des anges. J’en ai assez dit pour l’homme intelligent ; même l’interprétation d’un seul de ces symboles suffit bien pour guider dans la solution des questions analogues.

IX. Considérons encore ce que veut dire la théologie, lorsque parlant des anges, elle nous décrit des fleuves, des chars et des roues. Le fleuve de feu désigne ces eaux vivifiantes qui, s’échappant du sein inépuisable de la divinité, débordent largement sur les célestes intelligences, et nourrissent leur fécondité. Les chars figurent l’égalité harmonique qui unit les esprits d’un même ordre. Les roues garnies d’ailes et courant sans écart et sans arrêt vers le but marqué, expriment l’activité puissante et l’inflexible énergie avec lesquelles l’ange, entrant dans la voie

  1. Apoc., 20 ; Zach., 8.