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vis-à-vis d’elle le don divin affaiblit son éclat, et s’enveloppe dans le mystère de son unité impénétrable. Il rayonne sur les natures inférieures au travers des natures supérieures, et pour tout dire en un mot, c’est par le ministère des puissances plus élevées qu’il sort du fond de son adorable obscurité.

Ainsi Isaïe, saintement éclairé par un ange, vit que la vertu purifiante et toutes les divines opérations reçues d’abord par les esprits plus sublimes, s’abaissent ensuite sur tous les autres, selon la capacité qu’elles trouvent en chacun d’eux : c’est pourquoi le séraphin lui apparut comme l’auteur, après Dieu, de la purification qu’il raconte. Il n’est donc pas hors de raison d’affirmer que ce fut un séraphin qui purifia le prophète. Car comme Dieu purifie toute intelligence, précisément parce qu’il est le principe de toute pureté ; ou bien, pour me servir d’un exemple familier, comme notre pontife, quand il purifie ou illumine par le ministère de ses diacres ou de ses prêtres, est justement dit purifier et illuminer, ceux qu’il a élevés aux ordres sacrés lui rapportant leurs nobles fonctions ; de même l’ange qui fut choisi pour purifier le prophète, rapporta et la science et la vertu de son ministère à Dieu d’abord comme à leur cause suprême, et puis au séraphin, comme au premier initiateur créé.

On peut donc se figurer l’ange comme instruisant Isaïe par ces pieuses paroles : « Le principe suprême, l’essence, la cause créatrice de cette purification que j’opère en toi, c’est celui qui a donné l’être aux plus nobles substances, qui conserve leur nature immuable, et leur volonté pure, et qui les attire à entrer les premières en participation de sa providentielle sollicitude. » (Car c’est ce que si-