Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tures : d’après cela, l’Écriture n’indiquerait pas qu’une intelligence du premier ordre fût descendue pour purifier Isaïe, mais seulement qu’un des anges qui président à notre hiérarchie reçut, en ce cas, la dénomination de séraphin, précisément à raison de la fonction qu’il venait remplir, et parce qu’il devait enlever par le feu l’iniquité du prophète, et ressusciter dans son âme purifiée le courage d’une sainte obéissance. Ainsi nos oracles parleraient ici, non pas de l’un des séraphins qui entourent le trône de Dieu, mais de l’une de ces vertus purifiantes qui sont immédiatement au-dessus de nous.

III. Un autre me donna touchant la présente difficulté une solution qui n’est pas du tout dénuée de sens. Selon lui, quelle qu’elle fût d’ailleurs, la sublime intelligence, qui par cette vision symbolique initie le prophète aux secrets divins, rapporta d’abord à Dieu, puis à la première hiérarchie, le glorieux office qui lui était échu de communiquer la pureté en cette rencontre. Or ce sentiment est-il vrai ? Celui qui m’en instruisit le développait de cette sorte : La vertu divine atteint et pénètre intimement toutes choses par sa libre énergie, quoiqu’en cela elle échappe à tous nos regards, tant par la sublimité inaccessible de sa pure substance, qu’à raison des voies mystérieuses par lesquelles s’exerce sa providentielle activité. Ce n’est pas à dire toutefois qu’elle ne se manifeste point aux natures intelligentes au degré où elles en sont capables ; car confiant la grâce de la lumière aux esprits supérieurs, par eux elle la transmet aux esprits inférieurs avec parfaite harmonie, et en la mesure que comportent la condition et l’ordre de chacun d’eux.

Expliquons-nous plus clairement par le moyen