Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or, les glorieux patriarches recevaient des esprits célestes l’intelligence de ces mystérieuses manifestations. Car les Écritures n’enseignent-elles pas que Dieu donna lui-même à Moïse ses ordonnances sacrées[1], pour nous faire savoir que cette loi n’était que la figure d’une autre sainte et divine économie ? Et néanmoins nos maîtres affirment qu’elle nous fut transmise par les anges pour nous montrer qu’il est dans les exigences de l’ordre éternel que les choses inférieures s’élèvent à Dieu par le moyen des choses supérieures. Et cette règle n’atteint pas seulement les esprits qui soutiennent vis-à-vis l’un de l’autre des rapports de supériorité et d’infériorité, mais bien encore ceux qui sont au même rang, le souverain auteur de tout ordre voulant qu’en chaque hiérarchie il y eût des puissances constituées en premier, second et troisième lieu, afin que les plus élevées fussent guides et maîtresses des autres dans les travaux de l’expiation, de l’illumination et de la perfection.

IV. Aussi voyons-nous que le mystère de la charité du Seigneur fut d’abord révélé aux anges, et qu’ensuite, par leur médiation, la grâce de cette connaissance descendit jusqu’à nous. Le prêtre Zacharie apprit de saint Gabriel que l’enfant qui lui viendrait des cieux, contre toute espérance, serait le prophète de l’opération divine que Jésus devait miséricordieusement manifester en sa chair pour le salut du monde[2]. Par le même messager divin, Marie sut comment se consommerait en elle le miracle ineffable de l’Incarnation du Verbe[3]. Un autre envoyé informa Joseph de l’entier accomplissement des saintes promesses faites à David son aïeul. Ce fut en-

  1. Num., 9 ; Act., 7 ; Galat., 3.
  2. Luc., 1, 13.
  3. Ibid.