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ment moins imparfaitement, et en plus de manières, le mystère de la nature infinie ; de là vient qu’ils sont spécialement et par excellence honorés du nom d’anges, la splendeur divine leur étant départie tout d’abord, et la révélation des secrets surnaturels étant faite à l’homme par leur entremise. Ainsi les anges nous ont intimé la loi, comme enseignent les saintes Lettres[1]. Ainsi, avant et après la loi, les anges conduisaient à Dieu nos illustres ancêtres, tantôt en leur prescrivant des règles de conduite, et les ramenant de l’erreur et d’une vie profane au droit chemin de la vérité[2], tantôt en leur manifestant la constitution de la hiérarchie céleste, ou leur donnant le spectacle mystérieux des choses surhumaines, ou leur expliquant, au nom du ciel, les événements futurs[3].

III. Si quelqu’un veut dire que Dieu s’est révélé immédiatement et par lui-même à de pieux personnages, que celui-là sache par les affirmations positives des Écritures que personne sur terre n’a vu ni ne verra l’essence intime de Dieu[4], mais que ces apparitions saintes se font, pour l’honneur de l’adorable majesté, sous le voile de symboles merveilleux que la nature humaine puisse supporter[5]. Or, ces visions retraçant comme une image de la divinité, autant du moins que ce qui a forme peut ressembler à ce qui est sans forme, et par là élevant jusque vers Dieu ceux à qui elles sont accordées, la théologie, dans son langage plein de sagesse, les appelle théophanies ; et ce nom leur convient, puisqu’elles communiquent à l’homme une divine lumière et une certaine science des choses divines.

  1. Galat., 3, 19. — Act., 7, 53.
  2. Matth., 2, 13. — Act., 11, 13.
  3. Daniel, 7, 10. — Isaiæ, cap. 10.
  4. I. Joan., 4, 12.
  5. Gen., 3, 8, et 18, 1.