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DE LA HIÉRARCHIE CÉLESTE.

dehors, nous ferons simplement observer que cet enseignement se fait en deux manières.

III. Effectivement on conçoit que la vérité puisse s’offrir sous les traits sacrés de figures auxquelles elle ressemble, ou bien sous le déguisement de formes qui lui sont diamétralement opposées. Ainsi, dans le mystérieux langage des livres sacrés, l’adorable et sur-essentielle nature de notre Dieu bienheureux se nomme quelquefois Verbe, intelligence, essence[1], comme pour exprimer sa raison et sa sagesse. Son existence si souverainement essentielle, et seule cause véritable de toutes les existences, y est comparée à la lumière[2], et s’appelle vie. Mais quoique ces nobles et pieuses manières de dire paraissent mieux aller que les symboles purement matériels, elles sont loin toutefois de représenter la divine réalité qui surpasse toute essence et toute vie, que nulle lumière ne reflète, et dont n’approche ni raison, ni intelligence quelconque. Souvent encore, prenant l’opposé, et élevant notre pensée, les Écritures nomment cette substance invisible, immense, incompréhensible[3], indiquant ainsi ce qu’elle n’est pas, et non point ce qu’elle est. Et ces paroles me semblent plus dignes ; car, si j’en crois nos saints et traditionnels enseignements, quoique nous ne connaissions pas cet infini sur-essentiel, incompréhensible, ineffable, cependant nous disons avec vérité qu’il n’est rien de tout ce qui est. Si donc, dans les choses divines, l’affirmation est moins juste, et la négation plus vraie, il convient qu’on n’essaie point d’exposer, sous des formes qui leur soient analogues, ces

  1. Joan., 1, 1 ; Psalm., 135, 5.
  2. Joan., 1, 4.
  3. I. Timoth., 6, 16 ; Rom., 11, 33 ; Psalm. 144, 13.