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INTRODUCTION.

fascinés par le dogme nouveau, dut mettre à profit tous les écrits de nos maîtres, et que d’ailleurs il est facilement admissible qu’elle ait connu les œuvres de l’Aréopagite. Toutefois nous respectons trop la vérité et le lecteur pour dire que ce fait soit chose absolument démontrée.

Nous entrons maintenant dans le champ de l’histoire, et nous pouvons constater avec certitude complète, et décrire les destinées de saint Denys et de sa doctrine.

En l’an 532, ou, d’après Bini, en 533, les écrits de l’Aréopagite sortent du secret, où des circonstances, que nous n’avons point à rechercher ici, les avaient longtemps retenus. L’empereur Justinien, dans le dessein de pacifier les églises d’Orient, avait réuni les évêques catholiques et sévériens, afin qu’une discussion suivie et réglée éclairât les esprits prévenus, et corrigeât l’erreur. Le récit de cette conférence devenue célèbre nous fut transmis par une lettre d’Innocentius, évêque de Maronia[1]. Or dans le cours des débats, les hérétiques, entre autres témoignages dont ils s’appuyaient, invoquèrent l’autorité de saint Denys. À la vérité, les catholiques, pour se dispenser d’entreprendre l’examen du texte cité, opposèrent préalablement le silence où était demeuré jusqu’alors ce docteur prétendu ; mais il faut croire que bientôt cette difficulté disparut devant des recherches soigneuses ; car tous, orthodoxes et hétérodoxes, s’accordèrent à reconnaître l’authenticité qu’on avait d’abord essayé de combattre.

Dès lors la publicité s’empara de ces écrits avec une faveur extraordinaire. Ils furent l’objet d’études et de méditations ardentes, de notes pleines de science, et de paraphrases nombreuses. À leur apparition, Jean de Scythopolis, dont Photius parle avec éloge dans sa bibliothèque, les enrichit de scholies estimées[2]. Le célèbre philosophe et moine saint Maxime y ajouta des notes, pour appeler l’attention du lecteur sur les passages du

  1. Concil. Labb. et Cossart, t. IV, Paris, 1671.
  2. Dupin, Bibliot. des Auteurs Ecclés., 6e siècle.