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INTRODUCTION.

son propre principe, ne saurait placer sa fin ni dans les créatures, ni en lui-même. Voilà pourquoi il faut chercher et voir en Dieu seul le terme comme la cause de tout ce qui est.

Mais on pourrait concevoir que les êtres fussent immédiatement, et à l’instant même de leur création, placés dans leur fin, ou bien qu’ils ne dussent y parvenir qu’après des conditions remplies, et à la suite d’une épreuve : c’est ce dernier partage qui leur est échu. Cette épreuve, ils la traversent, armés de facultés qui sont comme un milieu entre ce qu’ils étaient dans leur principe et ce qu’ils seront dans leur fin. Puisque ces facultés sont un milieu, un moyen, elles participent de la nature des deux extrêmes qu’elles unissent, et soutiennent un rapport avec la sagesse d’où elles émanent et avec le but où elles tendent. D’une autre part, les êtres étant constitués par la collection de leurs facultés ou propriétés, tout ce qu’ils possèdent essentiellement, et même tout ce que les lois physiques, intellectuelles et morales, combinées ensemble, leur permettent d’atteindre et d’employer, tout cela est un moyen ; et ils n’ont été faits ce qu’ils sont, que pour devenir ce qu’ils doivent être. Ainsi aux créatures purement matérielles et dépourvues de moralité, des lois fatales et une fin inévitable ; aux créatures intelligentes et libres, la lutte, le mérite et le bonheur avec la gloire. Ainsi encore toutes choses sont comme une voix de Dieu, qui nous appelle à lui ; le monde entier apparaît comme un autel immense, où l’homme s’offre en holocauste, s’immole et meurt, comme brillent les étoiles, et comme gémissent les flots, pour l’honneur de l’Éternel.

Oui, quelle est la fin, et quels sont les moyens des êtres ? C’est la seule question qui importe véritablement à l’homme ; et de la manière dont elle est résolue et traduite en pratique dépend notre vie présente et future. Aussi l’Église a-t-elle placé en tête de ce cours de philosophie sublime qu’on nomme le catéchisme, les demandes et les réponses que voici :