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INTRODUCTION.

IV. De la fin des choses, et des moyens qu’elles ont d’y parvenir.

Une intelligence a produit et ordonné l’univers ; une intelligence le conserve et le régit. Dans la création, comme dans le gouvernement des choses, cette intelligence laisse éclater une merveilleuse sagesse : car des lois constantes et harmonieuses règlent la marche des mondes ; et, dans leur succession ininterrompue, les êtres semblent former une chaîne vivante, dont les anneaux se rattachent, l’un par l’autre, au trône de la fécondité divine. Un éclair de cette sagesse illumine les esprits créés, dont les libres mouvements sont aussi soumis à des lois sacrées, quoique souvent méconnues, et va se refléter ensuite dans la constitution des sociétés particulières, et dans la vie totale des peuples. Les cieux et la terre, le monde intellectuel et le monde sensible proclament donc l’existence et la gloire de la sagesse éternelle.

Or la sagesse n’agit pas sans but. Elle apprécie les choses avec exactitude parfaite ; elle leur fixe un terme analogue à leur nature respective, et les ordonne entre elles par rapport à la fin prévue. Il y eut donc pour la sagesse infinie un motif de produire, plutôt que de ne produire pas ; de faire les êtres comme ils sont plutôt qu’autrement. Ce motif, cette raison ultérieure se nomme la fin des choses.

La fin des choses ne saurait se trouver ailleurs que dans leur principe. Celui qui produit porte éminemment en lui le type de son œuvre ; ce type présente à la fois et les facultés qui constituent et enrichissent l’objet conçu, et le but auquel ces facultés doivent définitivement conduire. Sans aucun doute les idées de principe et de fin sont corrélatives et s’impliquent nécessairement. On est la fin au même titre qu’on est le principe. Voilà pourquoi l’homme ne trouvant ni en lui, ni en aucune chose finie,