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CXIII
INTRODUCTION.

En conséquence, les créatures individuelles sont des formes temporaires et finies sous lesquelles subsistent et vivent, comme principes constitutifs, les participations ou propriétés divines participées. Les créatures trouvent dans ces participations l’essence qui les fait ce qu’elles sont, les qualités qui les distinguent, l’espèce et le genre auxquels elles se rapportent, le rang qu’elles occupent dans l’ordre universel. L’inégale nature des êtres est déterminée par l’inégale répartition de ces participations vivantes.

En résumé, le moment solennel où les propriétés divines, qui de toute éternité brillent au dedans d’elles-mêmes d’un éclat uniforme, immense, inamissible, laissèrent échapper en dehors d’elles les lueurs multiples, bornées et contingentes, reflets lointains du soleil éternel : ce moment-là fut celui de la création. L’acte par lequel se produisirent dans le temps et dans l’espace ces lueurs qui sont la réalité, la dignité et la bonté des êtres, et qui rayonnent du plus haut sommet jusqu’au plus humble degré de l’univers, cet acte fut celui de la création. Ces réalités qui sont venues du sein de la seule réalité parfaite, et que l’homme admire sous les noms et les formes multiples d’intelligences célestes, d’âmes raisonnables, de cieux et d’astres étincelants, de force, de vie et de beauté, ces réalités imparfaites sont l’œuvre de la création.

3o  Tout subsiste en Dieu. Il conserve les choses, comme il les a créées ; la même force qui les a posées dans l’existence, les y maintient ; et si Dieu retirait sa main, base puissante qui porte l’édifice de la création, à l’instant les êtres s’évanouiraient dans le néant d’où ils avaient été tirés. Dieu les maintient donc dans l’état et dans le rang qu’il leur assigne au moment de leur apparition. Chaque chose subsiste, opère et vit par les facultés dont elle est naturellement pourvue ; elle entre dans l’harmonie générale, et exécute sa partie dans l’universel concert de la création. Le principe et le régulateur de ce