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CVII
INTRODUCTION.

nité chrétienne, et dont les éléments ne furent jamais assignés et reconnus d’un commun accord, Alcinoüs, Numénius et Plotin ayant fourni chacun des indications diverses ? Est-ce autre chose qu’une reproduction de la doctrine orientale des émanations, et qui implique, par conséquence ultérieure, ou bien la pluralité de dieux inégaux, ou bien la multiplicité des formes purement nominales d’une seule et même substance ?

II. De l’origine des choses.

La question de l’origine des choses appelle et défie à la fois la curiosité de l’intelligence humaine. D’où vient la matière ? comment est-elle l’œuvre de Dieu immatériel ? La simplicité est-elle la raison formelle et la cause du multiple ? Y a-t-il quelque chose de réel sous tous ces phénomènes que nous voyons ? Ces degrés d’être qui constituent, distinguent et classent hiérarchiquement les choses diverses que présente le monde, comment sont-ils hors de Dieu, qui est l’infinité, l’immensité ? ou s’ils sont en lui, comment ne sont-ils pas lui ? Dans nos conceptions, le sujet et l’objet ne sont-ils pas une dualité imaginaire et une unité réelle, une parfaite identité ? ou l’un seulement est-il réel, et l’autre fantastique, et alors lequel des deux n’est qu’une ombre ? Toutes questions que l’homme a le besoin profondément senti d’étudier, et dont la véritable solution peut être clairement connue, mais non pas pleinement comprise.

Il n’y a pas de philosophe de quelque renom, qui n’ait sondé ces difficiles secrets, et cherché laborieusement l’explication de ce grand-mystère : mais de tous ceux qui n’ont pas connu, ou qui n’ont pas accepté le dogme catholique de la création, pas un seul n’a fourni une théorie raisonnable de l’origine des choses ; c’est pourquoi en ce point, comme en beaucoup d’autres, la raison humaine s’est précipitée dans de graves erreurs, faut-il dire dans de