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CIV
INTRODUCTION.

elles suppose, ce qui est vrai, que les trois adorables personnes habitent persévéramment l’une dans l’autre, tellement que la plus stricte unité subsiste avec la distinction la plus réelle. C’est ainsi que dans un appartement éclairé de plusieurs flambeaux, les diverses lumières s’allient, et sont toutes en toutes, sans néanmoins confondre ni perdre leur existence propre et individuelle, unies avec distinction, et distinctes dans l’unité. Effectivement, de l’éclat projeté par chacun de ces flambeaux, nous voyons se former un seul et total éclat, une même et indivisée splendeur, et personne ne pourrait, dans l’air qui reçoit tous ces feux, discerner la lumière de tel flambeau d’avec la lumière de tel autre flambeau, ni voir celle-ci sans celle-là, toutes se trouvant réunies, quoique non mélangées en un commun faisceau. Si l’on vient à enlever de l’appartement une de ces lampes, l’éclat qu’elle répandait sortira en même temps ; mais elle n’emportera rien de la lumière des autres, comme elle ne leur laissera rien de la sienne propre ; car l’alliance de tous ces rayons était intime et parfaite, mais elle n’impliquait ni altération, ni confusion. Or, si ce phénomène s’observe dans l’air, qui est une substance grossière, et à l’occasion d’un feu tout matériel, que sera-ce de l’union divine, si infiniment supérieure à toute union qui s’accomplit non-seulement entre les corps, mais encore entre les âmes et les purs esprits ?

Pour les attributs relatifs, ils sont propres à chaque personne, et lui doivent être exclusivement réservés. Ainsi dans la génération éternelle, toutes choses ne sont nullement réciproques : le Père seul est source substantielle de la divinité ; et le Père n’est pas le Fils, et le Fils n’est pas le Père. Également, quand il est question du salut qui nous fut accordé par la divine miséricorde, il y a lieu à distinction : car c’est le Verbe sur-essentiel, qui seul a pris véritablement notre nature en tout ce qui la constitue ; qui seul a opéré et souffert les choses que Dieu opéra et souffrit par cette sainte humanité. Ni le Père, ni