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C
INTRODUCTION.

les éléments ; par lui persiste l’union de l’âme et du corps, et les purs esprits lui doivent leur permanente immortalité. Il commande aux mondes, et les gouverne avec une pleine et forte indépendance ; et toutes choses subissent son joug, et convergent vers lui par une naturelle inclination.

Dieu est beauté ; et par là il faut entendre qu’il est l’intelligence et la sagesse qui découvrent, disposent et déterminent la fin et les moyens ; qu’il est l’harmonie de ces combinaisons diverses, et le charme de cette harmonie. Ainsi Dieu sait tout, et rien n’échappe à son œil vigilant. L’entendement divin pénètre toutes choses par une vue transcendante ; il n’étudie pas les êtres dans les êtres eux-mêmes ; mais de sa vertu propre, en lui et par lui-même il possède et contient par anticipation l’idée, la science et la substance de toutes choses. Il ne les contemple pas dans leur forme particulière ; mais il les voit et les pénètre dans leur cause qu’il comprend tout entière. Puis donc qu’elle se connaît, la divine sagesse connaît tout ; elle conçoit immatériellement les choses matérielles, indivisiblement les choses divisibles, la diversité avec simplicité, et la pluralité avec unité. Dieu n’a donc pas une connaissance particulière par laquelle il se comprend, et une autre connaissance par laquelle il comprend généralement le reste des êtres ; mais cause universelle, dès qu’il se connaît, il ne saurait ignorer tout ce qu’il produit. Telle est donc la plénitude de la divine sagesse. Et cet ordre, cette harmonie de vues, c’est la beauté, qui se reflète ensuite dans les créatures, selon le degré de leur capacité, et en des formes diverses. Dieu est donc beauté absolue, suréminente, radicalement immuable, qui ne saurait commencer, ni finir, augmenter, ni décroître ; une beauté, où nulle laideur ne se mêle, que nulle altération n’atteint, parfaite sous tous les aspects, pour tous les pays, aux yeux de tous les hommes. Dieu est beau, parce que de lui-même, et en son essence, il a une beauté qui ne résulte pas de la variété ; parce