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vous dissimulâtes votre fureur, vous regardâtes Henriot, et lui dites d’un ton hypocrite : n’aie pas peur, va toujours ton train.

Danton. — Bien longtemps avant l’insurrection, elle avait été prévue par moi, et nous ne nous sommes présentés devant la force armée que pour constater que la Convention n’était pas esclave. Je somme de nouveau les témoins qui pourraient m’accuser, comme j’invoque l’audition de ceux propres à m’absoudre… Je n’ai point demandé l’arrestation d’Henriot, et je fus un de ses plus fermes appuis.

(No 25 du Bulletin du tribunal.)


À l’ouverture de la troisième séance, Danton et Lacroix ont renouvelé leurs indécences, et ont demandé, en termes peu respectueux, l’audition de leurs témoins : on voyait que leur but était de soulever l’auditoire, et d’exciter quelque mouvement propre à les sauver.

L’accusateur public, pour arrêter les suites de ces sorties scandaleuses, a invité le greffier à faire lecture du décret tout récemment rendu par l’Assemblée nationale, qui mettait hors des débats tout accusé qui ne saurait pas respecter le tribunal ; il a déclaré bien formellement aux accusés Lacroix et Danton, qu’il avait une foule de témoins à produire contre eux, et qui tous tendaient à les confondre ; mais qu’en se conformant aux ordres de la Convention, il s’abstiendrait de faire entendre tous ces témoins, et qu’eux accusés ne devaient point compter de faire entendre les leurs ; qu’ils ne seraient jugés que sur des preuves écrites, et n’avaient à se défendre que contre ce genre de preuves.

Il a également rendu compte des tentatives faites par Dillon, dans les prisons, pour soulever les détenus contre toutes les autorités constituées, et de sommes répandues dans le public pour sauver les accusés. Les débats ont ensuite été repris.

Après plusieurs interrogatoires adressés aux frères Frey, Danton et Lacroix demandaient à continuer leur défense, lorsque l’accusateur public, conformément au décret qui veut que le jury soit interrogé, s’il est suffisamment éclairé, quand une affaire a duré plus de trois jours, a invité les jurés à faire leur déclaration à cet égard.

Ils ont demandé à se retirer dans leurs chambres pour délibérer.

Alors les accusés et principalement Lacroix et Danton ont crié à l’injustice et à la tyrannie : nous allons être jugés sans être en-