Page:Danton - Discours (1893).djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

Marat avait une acrimonie de caractère qui, quelquefois, le rendait sourd à mes observations, il ne voulut pas m’écouter sur l’opinion que je lui donnais de ces deux individus : Duport et Lameth.

On m’accuse encore : d’être d’intelligence avec Guadet, Brissot, Barbaroux et toute la faction proscrite. Je réponds que le fait est bien contradictoire avec l’animosité que me témoignaient ces individus ; car Barbaroux demandait la tête de Danton, de Robespierre et de Marat.

Sur les faits relatifs à mes prétendues intelligences avec Dumouriez, je réponds ne l’avoir vu qu’une seule fois, au sujet d’un particulier avec lequel il était brouillé, et de 17,000,000 dont je lui demandais compte.

Il est vrai que Dumouriez essaya de me ranger de son parti, qu’il chercha à flatter mon ambition en me proposant le ministère, mais je me déclarais ne vouloir occuper de pareilles places, qu’au bruit du canon.

On me reproche encore d’avoir eu des entretiens particuliers avec Dumouriez, de lui avoir juré une amitié éternelle, et ce au moment de ses trahisons. À ces faits ma réponse est facile. Dumouriez avait la vanité de se faire passer pour général ; lors de sa victoire remportée à Sainte-Menehould, je n’étais pas d’avis qu’il repassât la Marne, et c’est à ce sujet que je lui envoyais Fabre en ambassade, avec recommandation expresse de caresser l’amour-propre de cet orgueilleux. Je dis donc à Fabre de persuader à Dumouriez qu’il serait généralissime, et à Kellermann qu’il serait nommé maréchal de France.

On me parle aussi de Westermann, mais je n’ai rien eu de commun avec lui ; je sais qu’à la journée du 10 août, Westermann sortit des Tuileries, tout couvert du sang des royalistes, et moi je disais qu’avec 17,000 hommes, disposés comme j’en aurais donné le plan, on aurait pu sauver la patrie.

(Numéro 22 du Bulletin du tribunal révolutionnaire.)


Danton. — Les jurés doivent se souvenir de cette séance des Jacobins, où Westermann fut embrassé si chaudement par les patriotes.

Un juré.Pourriez-vous dire la raison pour laquelle Dumouriez ne poursuivit pas les Prussiens, lors de leur retraite.

Réponse. — Je ne me mêlais de la guerre que sous des rapports politiques ; les opérations militaires m’étaient totalement étran-