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Je soutiens le fait de toute fausseté, et je défie à qui que ce soit de me le prouver. À l’égard de mes motions relatives au Champ-de-Mars, j’offre de prouver que la pétition à laquelle j’ai concouru, ne contenait que des intentions pures, que, comme l’un des auteurs de cette pétition, je devais être assassiné comme les autres, et que des meurtriers furent envoyés chez moi pour m’immoler à la rage des contre-révolutionnaires. Étais-je donc un objet de reconnaissance pour la tyrannie, lorsque les agents de mes cruels persécuteurs, n’ayant pu m’assassiner dans ma demeure d’Arcis-sur-Aube, cherchaient à me porter le coup le plus sensible pour un homme d’honneur, en obtenant contre moi un décret de prise de corps, et essayant de le mettre à exécution dans le corps électoral.

Le Président. — Ne vous êtes-vous pas émigré au 17 juillet 89 ? N’êtes-vous pas passé en Angleterre ?

Réponse. — Mes beaux-frères allaient en ce pays pour affaire de commerce, et je profitai de l’occasion ; peut-on m’en faire un crime ?

Le despotisme était encore dans toute sa prépondérance ; et alors il n’était encore permis que de soupirer en secret pour le règne de la liberté. Je m’exilai donc, je me bannis, et je jurai de ne rentrer en France que quand la liberté y serait admise.

Le Président. — Marat, dont vous prétendez avoir été le défenseur, le protecteur, ne se conduisait pas ainsi, lorsqu’il s’agissait de poser les fondements de la liberté ; lorsqu’elle était à son berceau et environnée du plus grand danger, il n’hésitait pas à le partager.

Réponse. — Et moi, je soutiens que Marat est passé deux fois en Angleterre, et que Ducos et Fonfrède lui doivent leur salut.

Dans le temps où la puissance royale était encore la plus redoutable, je proposai la loi de Valérius Publicola, qui permettait de tuer un homme sur la responsabilité de sa tête. J’ai dénoncé Louvet ; j’ai défendu les sociétés populaires au péril de ma vie, et même dans un moment où les patriotes étaient en très petit nombre.

L’ex-ministre Lebrun étant au fauteuil, a été pour moi démasqué ; appelé contre lui, j’ai démontré sa culpabilité avec Brissot.

On m’accuse de m’être retiré à Arcis-sur-Aube, au moment où la journée du 10 août était prévue, où le combat des hommes libres devait s’engager avec les esclaves.