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parents : nous ne vous arrachons pas vos enfants ; mais vous ne pourrez les soustraire à l’influence nationale.

En quoi donc nous importe la raison d’un individu devant la raison nationale ? Qui de nous ignore les dangers que peut produire cet isolement perpétuel ? C’est dans les écoles nationales que l’enfant doit sucer le lait républicain. La République est une et indivisible. L’instruction publique doit aussi se rapporter à ce centre d’unité. À qui d’ailleurs accorderions-nous cette faculté de s’isoler ? C’est au riche seul. Et que dira le pauvre, contre lequel peut-être on élèvera des serpents ? J’appuie donc l’amendement proposé. (Vifs applaudissements.)


SUR L’ORGANISATION DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.


CONVENTION. — Séance du 26 novembre 1793.


Dans ce moment la superstition succombe pour faire place à la raison, vous devez donner une centralité à l’instruction publique, comme vous en avez donné une au gouvernement. Sans doute vous disséminerez dans les départements des maisons où la jeunesse sera instruite dans les grands principes de la raison et de la liberté ; mais le peuple entier doit célébrer les grandes actions qui auront honoré notre révolution. Il faut qu’il se réunisse dans un vaste temple, et je demande que les artistes les plus distingués concourent pour l’élévation de cet édifice, où à un jour indiqué seront célébrés les jeux nationaux. Si la Grèce eut ses jeux olympiques, la France solennisera aussi ses jours sans-culottides. Le peuple aura des fêtes dans lesquelles il offrira de l’encens à l’être Suprême, au maître de la nature ; car nous n’avons pas voulu anéantir le règne de la superstition, pour établir le règne de l’athéisme.

Citoyens, que le berceau de la liberté soit encore le centre des fêtes nationales. Je demande que la Convention consacre le Champ-de-Mars aux jeux nationaux, qu’elle ordonne d’y élever un temple où les Français puissent se réunir en grand nombre. Cette réunion alimentera l’amour sacré de la liberté, et augmentera les ressorts de l’énergie nationale ; c’est par de tels établissements que nous vaincrons l’univers. Des enfants vous demandent d’organiser l’instruction publique ; c’est le pain de la raison, vous le leur devez ; c’est la raison, ce sont les lumières qui font la guerre aux vices. Notre révolution est fondée sur la justice, elle