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& l’intolérance des opinions politiques, qui ne parlent qu’à la raiſon, aux ames fortes & aux paſſions nobles, & la tolérance du fanatiſme religieux, qui n’agit que ſur l’immagination, & la foibleſſe, qui, comme l’eau, ne gagne que les parties baſſes, & ne tombe que dans les ames ſerviles & ſuperſtitieuſes ; des miniſtres, ou conſpirateurs, ou inſenſés ſe ſervoient de vous pour incliner la pente de la ſuperſtition & de la ſervitude.

Vous n’attendez pas de moi de ſemblables circulaires, où je vous enjoigne de déployer le courage et la fermeté contre les meilleurs citoyens, où je tâche de vous aguerrir contre les mouvemens populaires & de trop juſtes murmures, & de verſer dans l’oreille du peuple par le canal de ſes juges, ces fauſſes opinions, que Louis XVI aime la liberté & la conſtitution. Quel ſera l’organe de la vérité, chez une nation, ſi ce n’eſt le miniſtre de la juſtice, dont les fonctions ont principalement pour objet l’éclairciſſement de la vérité ? Devenu cet organe, je la tranſmettrai aux départemens, pure, toute entiere, & ſans ces ménagemens puſillanimes que repouſſe mon caractere, & qui ne conviennent point à la dignité du miniſtere qui m’eſt confié par une nation de 25 millions d’hommes, la plus libre & la plus puiſſante de l’univers.