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CISTUS

dans une suite de rougeoles et de coqueluches qui la laissaient un peu chétive. Elle était blonde, avec des traits menus, des prunelles bleu-azur, une taille élancée, des mains fines, toute une nature sensitive et nerveuse. Incapable des gros travaux, elle s’employait surtout au ménage, au soin des volailles, et tandis que Thérèse passait sa vie au grand soleil sur les coteaux lointains, elle écoulait la sienne entre la maison et la grange. Son père lui disait quelquefois : « Toi, t’es pas une fille d’habitant : t’es faite pour une maîtresse d’école. » Mais sa mère prenait sa défense, rappelait son activité, le bon soin qu’elle prenait des choses : « Elle est casuelle, c’est pas sa faute, mais elle m’aide comme elle peut. »

Depuis trois mois pourtant, la bonne femme éprouvait des inquiétudes. Son Alice semblait dépérir ; ses joues pâlissaient, ses yeux prenaient un éclat vague ; elle se traînait à ses besognes avec une évidente fatigue. On la surprenait accoudée devant les fenêtres ou assise, songeuse, dans les coins. « Faut que tu prennes soin de toi, ma petite fille », déclarait la mère ; — et, avec des attentions tendres, elle la bourrait de thé sauvage et d’infusions d’herbe-Saint-Jean.

Mais ce qui pesait sur Alice, la tenant ainsi abattue, c’était bien pis qu’une lassi-