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CONTES DE NOËL

— Oh ! monsieur, songez donc à l’ennui des achats, des préparatifs ! Ces bazars étouffants, crevant de cohue, qu’il faut assiéger pour le moindre bibelot ! L’embarras de choisir sans être sûr que les mioches seront contents ! Il faut s’y prendre un mois d’avance, et vous savez qu’on en reste ahuri. Puis la corvée de monter cet arbre, de le couvrir de bulbes, de pendants, de banderoles ; toute la soirée y passe, et quand minuit arrive, papa et maman n’en peuvent plus ; mais il faut encore s’agiter, se rendre intéressant, jouer le Père Noël. Sans compter, reprit-il comme en confidence, que les jeunes d’aujourd’hui sont finauds, qu’ils vous reconnaissent à la voix, à la démarche ; mais un Santa Claus étranger, ça les démonte complètement.

Le gérant des Noëls Faciles était bien tombé. M. Van Dighen abhorrait le magasinage, la course aux cadeaux, et surtout l’habillage de l’arbre de Noël. C’était un homme d’affaires qui aimait sa famille, mais le lui témoignait surtout en lui gagnant beaucoup d’argent. Il était peu démonstratif, redoutait les dérangements, et préférait son fauteuil et son cigare à toutes les aménités sociales.

— Il y a du bon dans votre plan, reprit-il, je suis tenté de l’essayer. Quels renseignements vous faut-il ?