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CONTES DE NOËL

un miracle. » Ces braves gens, tout entiers à leur grand désir, suivirent l’avis docilement ; et chaque soir ils se prosternaient devant les saintes images et suppliaient de toute leur âme le Père suprême des chrétiens.

Le soir avant Noël, moitié par habitude, moitié par crainte de désobéir à la vieille Tétua, ils arrangèrent la poupée sur son trône au dehors et l’entourèrent des friandises accoutumées. Puis, après une dernière prière, ils se retirèrent pour la nuit.

Le soleil était déjà haut et dessinait sur l’avenue le feuillage dentelé des cocotiers quand les jeunes filles de la mission passèrent devant la case, revenant de la première messe. Réri, elle, ne s’était pas levée, et son siège cette fois restait vide sous la fenêtre. Voyant de loin la poupée neuve, toute la troupe s’élança pour lui faire fête. Mais au premier regard plus net qu’elles lui jetèrent, un cri terrifié s’éleva. Puis toutes s’enfuirent courant, se couvrant la face de leurs mains, comme si un spectre eût chevauché à leur poursuite. Elles dirent vite chez elles ce qu’elles avaient vu ; et bientôt un attroupement se forma devant le logis, se tenant pourtant à distance et témoignant d’une violente surprise. Les parents de Réri, intrigués de cette commotion, sortirent pour en savoir la cause, et ils aperçurent à leur tour le spectacle inoui, horrible. La poupée était