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CONTES DE NOËL

vage, attendait les visites sous la fenêtre de Réri. Sur une table auprès d’elle s’offraient des oranges et des mangues, des nougats, des tranches de taro. D’ingénieux joujoux chinois se balançaient à des ficelles. Ce fut, comme tu penses bien, l’éblouissement des petites filles à la sortie de la mission. L’une après l’autre elles s’approchèrent, et bientôt toutes ensemble entouraient la poupée, la caressaient, palpaient ses dentelles, lui adressaient des paroles tendres. Elles la prirent même par la main et dansèrent une ronde avec elle. Puis, s’attablant à son côté, elles lui firent sa part des bonnes choses. Réri, de derrière les carreaux, observait tous leurs actes, se croyait elle-même à la fête. De temps à autre on se tournait vers elle, mais cela ne lui plaisait plus : elle montrait du doigt son image, la nouvelle Réri, voulait qu’on s’occupât d’elle seule. Le lendemain, sa mère lui remit la poupée, mais elle pria qu’on la laissât à sa place sous le portique ; et toute l’année elle y resta, jouant le rôle de la recluse. On la connaissait maintenant, on lui jetait yuranna au passage ; si l’on voulait faire un présent à la petite malade, on le plaçait sur ses genoux. Et la Réri vivante était rassérénée, s’imaginait en son âme douce jouir du beau soleil, respirer l’air marin, tresser, elle aussi, des guirlandes.

Quand Noël revint, les parents, pour leur fille grandie, firent emplette d’une poupée