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CONTES DE NOËL

ours énormes, la tête ballante d’un bord, de l’autre, avec leurs langues pendantes, et un chat sauvage, à moitié pelé, qui montrait ses dents blanches entre ses babines écartées. Ces trois bêtes avaient l’air de le regarder en dessous. Il porte vitement la main à son fusil, puis il se dit : « S’ils ne remuent pas, je m’en vas rester tranquille ; en tout cas, je n’avance pas plus loin. » Pour lors il remarque comme un grouillement dans les coins ; et c’était des bêtes plus petites : des bêtes puantes, monsieur, peut-être bien une douzaine, qu’allaient et venaient sans faire de bruit.

« Qu’est-ce que tout ça veut dire ? » il se demande, « ç’a pas l’air naturel ce qui se passe ici. » En même temps, tout brave qu’il était, il commence à sentir une inquiétude. À ce moment, le bébé fait un cri ; et comme sur un signal, une masse de voix cassées, grêlées, fausses comme des crécelles, qui semblaient venir de partout sans personne en vue, entonnent une musique à rendre sourd. C’était un air bien connu qu’elles massacraient, et, au travers de leur tintamarre, savez-vous les paroles que Létourneau démêle ?

Nouvelle agréable,
Un démon charmant nous est né ;
C’est l’enfant du diable
Qui nous a damnés.