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CONTES DE NOËL

— Le père, dit Onésime, veux-tu que je le flanque à la porte ?

Un instant un oui hésita dans l’âme agitée du bonhomme, mais il leva la main, redoutant ce nouvel éclat.

Il regardait autour de lui la scène lamentable et piteuse : tous ces êtres pleurant, noyés de chagrin, courbés sous ses reproches, n’osant même pas implorer sa grâce. Et c’était la nuit de Noël ! la nuit des cœurs unis, des volontés paisibles, qui verse la joie sur le monde ! Ils venaient d’écouter les Gloria et les cantiques. L’Enfant-Jésus leur avait souri dans sa crèche. Et ils étaient tous malheureux !

Cette table de famille, ils l’auraient entourée avec des propos et des rires. Ce serait maintenant un repas de deuil !

Cela le terrassait, il ne comprenait pas. La peine l’agrippait, lui aussi. Mais la vue de Laurent réchauffait son indignation.

Son regard vint tomber sur l’enfant inconnu. Qu’était cet orphelin ? Il ne disait plus mot. Pourtant dans ses yeux noirs semblait luire à présent une flamme de surprise, de reproche.

Les pleurs d’Alice coulaient toujours. Laurent se taisait, accablé. La vieille mère faisait à son homme des signes discrets et suppliants.