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CONTES DE NOËL

— Et qu’est c’t’enfant-là dans la chaise ?

Alice, brave, s’avança.

— Papa, dit-elle, ce petit garçon était perdu, à moitié gelé le long du chemin. Laurent l’a rencontré et l’a mené jusqu’ici. C’était la maison la plus proche.

Tous se tournèrent vers le marmot et, curieusement, l’examinèrent. Mais soudain il dressa la tête et sa voix fluette s’éleva.

— Ça, c’est pas vrai, dit-il. Je me suis rendu ici tout seul.

Il se fit un silence profond. Pétrifiée sous le coup subit, Alice devint blanche comme un drap.

— T’entends ce qu’il dit ? reprit le père. Alice, m’as-tu fait un mensonge ?

Elle ne répondait rien. Laurent alors prit la parole.

— M’sieur Corriveau, dit-il, pardonnez-lui, elle cherche à m’excuser : mais moi, j’vas être franc avec vous. J’étais venu ici ce soir pour emmener votre fille. Elle était consentante ; c’était pour nous marier honnêtement et à l’église. Vous aviez été dur, m’sieur Corriveau, de nous refuser l’été passé. On s’aimait, voyez-vous, on ne pouvait pas se renoncer. On était pour vous faire savoir et pour vous demander pardon. Mais à c’t’heure j’aime mieux tout vous dire. On