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CONTES DE NOËL

quiet, errait sans se fixer, comme étranger aux choses voisines.

Ils le conduisirent près du poêle et l’installèrent en face du fourneau ouvert. Alice lui ôta ses souliers d’où l’eau maintenant ruisselait.

— C’est pas possible, dit-elle, de lui laisser les pieds comme ça. Je cours en haut lui chercher des bas secs.

Laurent, dans l’intervalle, prenant la main froide de l’enfant : « Dis à présent, petit, d’où ce que tu viens ? Es-tu écarté dans ce bout-ci ? »

L’étrange gamin restait muet. Enfin, comme avec peine, il marmotta entre ses dents :

— Des gens, ils m’ont jeté dans la neige.

— Comment ! ils t’ont jeté dans la neige ? Qui ça, des gens ? Ton père, ta mère ?

Le petit secoua la tête et répéta :

— Des gens.

— Tu ne les connais pas ? Voyons, t’étais avec eux autres dans une voiture, pas loin d’ici, et ils t’ont jeté en bas ?

Mais le garçonnet maintenant était distrait, n’écoutait plus. Il regardait le plafond, la tapisserie. Comme Laurent insistait, il fit, importuné, un geste indiquant une poussée violente.