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CISTUS

sortit de l’armoire les assiettes, les tasses bleues qu’elle connaissait si bien. Elle plaça sur la table une carafe de vin de gadelles avec des verres autour. Elle arrangea sur des plateaux les beignes et les tourtières. Elle mit de l’eau prête à bouillir dans la théière de fonte.

Elle s’attardait à tout cela sans s’en apercevoir, poussant parfois un soupir étouffé. « Pauvres parents, songeait-elle, ils vont faire un triste réveillon. »

Mais, s’arrachant à ces pensées, elle mit sa mante et sa capine. « Je suis prête », dit-elle enfin. « Je fais ça, Laurent, parce que je t’aime. Allons, embarquons tout de suite. »

Au même instant le chien Castor, qui dormait dans un coin, s’éveilla, grognant sourdement. Puis il se dressa sur ses pattes et, les yeux luisants d’un feu vert, il aboya, tourné vers la porte. On entendit alors deux coups frappés sur les panneaux.

— Grand Dieu ! qu’est-ce que c’est qu’ça ? s’exclamèrent-ils ensemble, voilà-t-il du monde à présent ?

Ils restaient là, interdits, incertains. — « Va voir par le châssis, dit-elle, ce que ça peut bien être. »