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LE NOËL DE CAROLINE

— François, dit la jeune fille, j’étais comme ça, c’est vrai ; mais j’t’ai pas refusé par malice.

— Non, je le sais ; seulement v’là deux ans faits que j’te tourmente, et tu n’sais pas comme je pâtis. Te souviens-tu qu’à Noël passé, quand y avait la vieille crèche, je t’ai demandé comme à c’t’heure en revenant de la messe ?

— Ah ! oui ; mais aujourd’hui, François, c’est la crèche neuve, vois-tu… Tiens, j’vas t’dire, l’idée m’a changé : je suis consentante à t’épouser, si tu m’veux encore.

François eut un sursaut qui fit se cabrer le cheval, et les sonnettes s’agitèrent éperdument.

— Parles-tu sérieux, ma Line ? demanda-t-il, retenant son souffle.

— J’te parle comme je pense, François.

Non, elle ne jouerait pas, surtout cette nuit, une farce aussi cruelle. Pourtant, dans l’excès de sa joie, un reste de doute le tenaillait.

— Caroline, reprit-il, si c’est vrai devant Dieu que tu t’engages à moi, veux-tu me donner un baiser ?

Elle lui tendit simplement ses joues, que l’air hivernal durcissait comme deux pom-