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CONTES DE NOËL

trot des attelages ; leur trémolo courait sur la neige des prairies, et ressemblait de loin à des chants de cigales joyeuses.

— Pour une crèche, dit François, c’est une belle crèche.

— Oh ! une belle crèche ! soupira Caroline.

Ils se turent de nouveau, pendant que les grelots sonnaient leur cligne, cligne, obstiné, qui semblait dire : « Allons ! la vie, l’espoir, le rêve, en avant, en branle ! Il n’y a qu’un Noël par an ! »

Mais enfin le pauvre François n’y put tenir. Malgré la certitude d’un nouveau refus, au risque de troubler le grand calme qui les enveloppait tous deux, poussé quand même par le flot de son cœur trop plein, il tenta un effort désespéré et vaincu d’avance :

— N’m’en garde pas rancune, Caroline, mais faut que j’parle encore. Y a trop et trop d’choses dans mon âme. J’te veux, j’te veux en mariage : et toi, tu n’m’aimes pas, on dirait, t’as que « non » à me dire. Écoute-moi donc, ma belle, y a rien d’béni comme une famille : le père, la mère, l’enfant, tous l’un pour l’autre ; la terre, les animaux, quéq’bons amis… J’suis pas fort beau, sans doute, mais t’es la femme du monde que j’considère le plus après la Sainte Vierge, et j’t’aime comme j’ai jamais aimé personne. Va, on serait bien heureux ensemble !