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LE NOËL DE CAROLINE

brasser toute cette splendeur. Le prêtre s’avançait déjà, paré de ses robes ; un flot d’enfants en fines dentelles inondait le chœur ; l’orgue tonitruait, et les chantres, la voix un peu rauque de l’éveil nocturne, scandaient les neumes de l’introït.

Ayant déroulé le « nuage » qui l’enveloppait, secoué la neige de sa mante et ouvert son livre de messe, Caroline releva les yeux vers la crèche et réellement la vit pour la première fois. Mais alors ce fut un éblouissement. Tout ce qu’elle eût pu rêver de surprenant et de magique s’étalait là devant elle. À la lueur de lampions multicolores émettant un jour idéal et quasi-céleste, la scène évangélique revivait dans ses plus intimes détails. L’étable avait son toit de chaume où l’ouate semée de paillettes simulait une nappe de frimas. Il était soutenu d’un croisé de poutrelles vernies, ornées de guirlandes. Le parquet se jonchait de brindilles vertes et de paille fraîche. Aux angles du fond, l’âne et le bœuf avançaient leurs grosses têtes paisibles au-dessus des mangeoires débordantes de foin. Quant aux personnages, leur port, leur expression, la noblesse de leurs gestes, la beauté de leurs robes et de leurs figures, plongeaient la jeune fille dans l’extase. L’Enfant Jésus, rond et potelé, souriait dans ses langes, tendait ses fines menottes et exhibait des orteils mignons et roses à croquer. La Vier-