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CONTES DE NOËL

à sa connaissance. Elle était même plus belle que la crèche des pères franciscains qu’on admirait tant à la ville.

Sur le fond sombre de la nuit, l’église tout illuminée et toute vibrante du son des cloches se détachait de loin comme un château de féerie. Par les routes des côtes et des rangs, de longues files de voitures s’acheminaient, vivantes de cliquetis et de rires. À la porte, les groupes arrivés amorçaient leurs pipes en attendant l’heure du tinton. François amarra son cheval à l’un des poteaux, salua quelques connaissances et, précédé de Caroline, il entra. Il eut la gloire publique d’escorter sa compagne tout le long de la grande allée, suivi du regard curieux des femmes ; de noter la grimace de Fanfan Poupart, la mine rageuse de Luc à Bénoni, et d’introduire la reine convoitée dans son banc de famille, placé à l’un des premiers rangs.

Une chaleur bienfaisante pénétrait la nef et contrastait avec l’air glacé du dehors. Des lustres, pendus par toute la voûte, scintillaient de la flamme jaune des bougies. L’autel n’était plus qu’un bouquet de velours, de cierges et de vases. À droite près de la « balustre », juste en face du jeune couple, surgissait la crèche neuve flanquée de rocailles, encadrée de mousses et de sapinages.

Mais ils n’eurent qu’un instant pour em-