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nue la première le jour où Béatrice se sera montrée après le délire de son fidèle. Et si l’on veut considérer son premier nom, autant vaut dire Primavera, parce que son nom Giovanna vient de Giovanni (saint Jean) celui qui a précédé la vraie lumière en disant : « Ego vox clamantis in deserto : parate viam Domini[1]. »

Et il me sembla qu’il (l’Amour) me disait encore quelques mots, c’est-à-dire : « Qui voudrait y regarder de tout près appellerait cette Béatrice l’Amour ; à cause de la ressemblance qu’elle a avec moi. »

Alors moi, en y repensant, je me proposai d’écrire quelques vers à mon excellent ami (en taisant ce qu’il me paraissait convenir de taire), croyant que son cœur était occupé encore de la beauté de la belle Primavera[2]. Je fis donc le sonnet suivant :

J’ai senti se réveiller dans mon cœur[3]
Un esprit amoureux qui dormait ;
Puis, j’ai vu venir de loin l’Amour

  1. Je suis celui qui crie dans le désert : préparez la voie du Seigneur.
  2. Il paraît que Guido, lorsque ce sonnet fut écrit, avait cessé d’être épris de Giovanna.
  3. Jo mi sentii svegliar dentro allo core