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Je voyais des femmes la recouvrir d’un voile.
Et elle avait une telle apparence de repos
Qu’elle semblait dire : je suis dans la paix.
Et la voyant si calme
Je ressentis une telle douceur
Que je disais : Ô mort, désormais que tu me parais douce,
Et que tu dois être une chose aimable,
Puisque tu as habité dans ma Dame !
Tu dois avoir pitié et non colère.
Tu vois que je désire tant t’appartenir
Que je porte déjà tes couleurs.
Viens, c’est mon cœur qui t’appelle.
Puis, je me retirai, ne sentant plus aucun mal.
Et, quand je fus seul,
Je disais en regardant le ciel :
Heureux qui te voit, ô belle âme….
C’est alors que vous m’avez appelé,
Et grâce à vous ma vision disparut[1].


CHAPITRE XXIV


Après tous ces rêves, il arriva un jour que, me trouvant quelque part à songer, je sentis que mon cœur se mettait à trembler, comme si j’eusse été en présence de cette femme. Alors

  1. Commentaire du ch. XXIII.