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Souvent me revient à l’esprit[1]
L’angoisse que me cause l’amour.
Et il m’en vient une telle pitié que souvent
Je dis : hélas, cela arrive-t-il à quelqu’un d’autre
Que l’amour m’assaille si subitement
Que la vie m’abandonne presque,
Et il ne me reste alors de vivant pour me sauver
Qu’un seul esprit, parce qu’il me parle de vous.
Puis, je m’efforce de venir moi-même à mon aide ;
Et tout pâle et dépourvu de tout courage
Je viens vous voir, croyant me guérir :
Et si je lève les yeux pour regarder,
Mon cœur se met à trembler si fort
Que ses battements cessent de se faire sentir[2].


CHAPITRE XVII


Après avoir fait ces trois sonnets adressés à cette femme, comme ils faisaient le récit exact de mon état, j’ai cru devoir me taire, parce qu’il me semblait avoir assez parlé de moi. Mais bien que je cesse de lui parler, il me faut

  1. Spesse fiate vennemi alla mente
  2. Commentaire du ch. XVI.