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CHAPITRE VIII


Après le départ de cette dame, il plut au Seigneur des anges d’appeler à sa gloire une femme jeune et de très gracieuse apparence, laquelle était aimée dans cette ville. Je vis son corps au milieu de femmes qui pleuraient.

Alors, me rappelant l’avoir vue dans la compagnie de ma Dame, je ne pus retenir mes larmes. Et tout en pleurant, je me proposai de dire quelque chose sur sa mort, à l’intention de celle près de qui je l’avais vue. Et c’est à cela que se rapportent les derniers mots de ce que je dis à son sujet, comme le saisiront bien ceux qui le comprendront. Je fis donc les deux sonnets qui suivent :

Pleurez, amans, alors que l’amour pleure[1],
En entendant ce qui le fait pleurer.
L’Amour entend les femmes sangloter de pitié,
Et leurs yeux témoignent de leur douleur amère.

  1. Piangete amanti, perché piange amore