Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle est saisie par les gens les moins perspicaces[1].


CHAPITRE IV


Après cette vision, ma santé[2] commença à être troublée dans ses fonctions parce que mon âme ne cessait de penser à cette beauté ; de sorte que je devins en peu de temps si frêle et si faible que mon aspect était devenu pénible pour mes amis. Et beaucoup poussés par la malice cherchaient à savoir ce que je tenais à cacher aux autres. Et moi, m’apercevant de leur mauvais vouloir, je leur répondais que c’était l’Amour qui m’avait mis dans cet état. Je disais l’Amour parce que mon visage en portait tellement les marques que l’on ne pouvait s’y méprendre. Et quand ils me demandaient : « Pourquoi l’Amour t’a-t-il défait à ce point ? » Je les regardais en souriant, et je ne leur disais rien.

  1. On trouvera plusieurs de ces réponses dans le Commentaire du ch. III.
  2. Dans le texte : mon esprit naturel.