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Il n’est pas douteux que la première émanation de la Vita nuova appartient aux petits poèmes dans lesquels l’auteur nous initie aux sentimens intimes dont l’expression rimée est la trame véritable de son œuvre. Chacun d’eux est le tableau, achevé dans sa concision, d’un état d’âme sollicité par les circonstances extérieures ou par sa propre inspiration.

Si l’on veut bien se reporter à ce qui a été exposé plus haut (page 16) au sujet des habitudes littéraires de cette époque, on pourra suivre la genèse de chacune de ces poésies, où l’auteur reproduisait à mesure, sous la forme que lui dictaient et son époque et son génie, ses impressions et ses pensées du moment.

Ceci comprend un intervalle de 16 années, si l’on veut compter depuis la première (1274) où naquit l’amour de Dante pour Béatrice jusqu’à la mort de celle-ci (1290) ; mais en réalité le roman ne déroule ses péripéties que pendant une durée de trois ou quatre années.

C’est après la mort de Béatrice que le Poète a rassemblé les expressions de ses expansions poétiques, et leur a donné un corps en composant, avec ses souvenirs, la prose qui sert à les relier. Pour des raisons que nous ne connaissons pas, il a laissé en dehors un certain nombre de pièces rimées qui avaient été certainement composées aux mêmes époques, et se rapportaient aux mêmes sujets et