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genre de vie et ses habitudes. On peut remarquer que, soit dans les récits en prose de la Vita nuova, soit dans les vers qu’ils encadrent, il ne s’écarte pas un instant de ce qui touche à Béatrice, qu’il s’agisse d’incidens quelconques ou de sa propre pensée.

Les mœurs étaient sans doute très relâchées à Florence. Boccace nous dit que c’est un sujet d’étonnement (una piccola maraviglia) qu’alors qu’on fuyait tout plaisir honnête, et qu’on ne songeait qu’à se procurer des plaisirs conformes alla propria lascivia, Dante ait pu aimer autrement[1]. Du reste, le poète a exprimé lui-même l’étonnement que pourrait causer l’empire que « tant de jeunesse avait pu exercer sur ses passions et ses impulsions[2] ».

Cependant, si la pureté de sa passion pour Béatrice n’a subi aucune tache, il ne paraît pas que l’on puisse en dire autant pour ce qui concerne d’autres périodes de son existence.

La virulente admonestation qu’il se fait adresser par l’Ombre de Béatrice au sommet du Purgatoire[3] est une confession touchante des écarts dont il témoigne un repentir si poignant.

À quelle époque peut-on faire remonter ces allusions à certains incidens dont on a cru retrouver quelques indices dans l’œuvre du Poète, et qu’a

  1. Commentaire de Boccace.
  2. Voir au ch. II de la Vita nuova.
  3. Le Purgatoire de la Divine Comédie, chant XXXI.