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cette même pâleur (couleur d’amour) qu’il retrouve sur le visage de cette femme. Qu’il s’agisse de la voix de Béatrice ou de sa physionomie, ce n’est ainsi que comme par surprise et comme dans un moment d’oubli qu’il laisse échapper les témoignages qu’il a pu recevoir de sentimens correspondans aux siens.

Il y a quelque chose de bien touchant dans le soin qu’il prend de tenir l’image de sa bien-aimée enveloppée d’un nuage où l’œil ne découvre que de rares éclaircies, presque imperceptibles. Ce nuage ne se déchirera que lorsque, dans les régions célestes, l’enfant habillée de rouge et la jeune fille « couronnée de bonté et de modestie » sera transfigurée en une sainte auréolée d’un nimbe éblouissant. Mais alors la tendresse de Béatrice sera devenue toute maternelle.


CHAPITRE XXXVIII


L’amaro lagrimar che voi faceste

Ce sonnet a deux parties : dans la première, je parle à mes yeux comme je parlais à mon cœur