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Dante avec Béatrice. Il a plu au Poète de donner à ce récit une forme presque sibylline, sans doute à cause du caractère solennel qu’il lui attribuait. Il paraîtra peut-être difficile d’en saisir au premier abord la signification : voici l’interprétation qui peut en être donnée.

Guido Cavalcanti « le premier des amis de Dante », avait aussi une amie, qui se nommait Giovanna. Dante la vit donc s’approcher de lui, et derrière elle marchait Béatrice. Voilà tout ce que contient le récit. Cette Giovanna, qui était connue sous le nom de Primavera qu’on lui avait donné sans doute à cause de son genre de beauté, il traduit son nom de Primavera par celui de Prima verrà (celle qui viendra la première). Et il trouve en outre que le nom de Giovanna lui convient parce qu’il lui vient de celui de Giovanni (saint Jean), qui avait annoncé la vraie lumière (Vox clamantis…).

Ici la vraie lumière, c’est Béatrice. Et c’est Giovanna qui la précède et l’annonce, s’étant sans doute chargée de ramener Béatrice à Dante, et de mettre fin à la brouille qui les séparait.

Tout ceci est bien alambiqué et typique de l’époque, ainsi que cette intrusion d’allusions sacrées au simple fait du rapprochement de deux