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dans ses récits à l’ordre des temps. La Divine Comédie est pleine de prédictions qui n’étaient que la reproduction de faits accomplis. Il est permis de croire que la Vita nuova, lors de sa rédaction définitive et de son encadrement dans ses récits en prose, a subi plus de retouches, de corrections, d’additions que nous ne pouvons le discerner.

Il ne me paraît pas possible d’admettre que, pendant que se déroulait le roman de la Vita nuova et qu’il écrivait ce poème d’amour, alors qu’il n’avait pas encore pénétré, bien avant au moins, dans la vie publique, il eût déjà conçu le plan de la Divine Comédie et fait les préparatifs de son voyage sacré[1].

  1. Voir encore sur ce dernier sujet l’intéressant et compendieux travail de M. Leynardi (la Psicologia dell’ arte nella Divina Commedia). L’éminent professeur de philosophie au lycée Doria de Gênes a étudié avec autant de sagacité que de finesse (sottilezza) tous les points qui se rapportent à la composition de la Divine Comédie. Dans la dissertation come avenne la preparazione dell’ opera, il fait observer que l’intention première du Poète, entièrement annoncée dans la Vita nuova, était d’élever un monument à Béatrice : et ce n’est que peu à peu, et suivant le cours des événemens et l’évolution de son propre esprit, et enfin le développement de son génie, que cette œuvre est devenue la Divine Comédie. Et il proteste contre l’idée exprimée par Giuliani d’une construction architecturale de la Divine Comédie, qui aurait été arrêtée dans l’esprit du Poète dès ses années de jeunesse.