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pondance analogue à cette correspondance par petits vers, madrigaux, sonnets, que nous retrouvons dans le XVIIIe siècle, et dont Voltaire faisait un si large usage.

N’y avait-il pas également alors quelque chose d’analogue à ce qu’on appelait, au dernier siècle, des bureaux d’esprit ? Nous voyons un de ses amis (le frère de Béatrice) venir demander à Dante de dire quelque chose à propos d’une femme qui venait de mourir (chap. XXXIII). Un autre de ses amis (Forese) le prie de lui dire ce que c’est que l’amour (sonnet, page 67). De nobles dames viennent lui demander de ses vers (chap LXII), et il en écrit de nouveaux pour mieux leur faire honneur.

Les Florentins avaient l’habitude de se réunir le soir, al fresco dei marmi, sur les bancs de marbre que l’on voit encore autour de la cathédrale (Santa Maria del fiore), et où l’on montre il sasso di Dante, la pierre où Dante venait s’asseoir.

C’est là que devaient s’échanger les racontars de la ville et les commérages du jour, et se communiquer les productions journalières des rimeurs à la mode. N’est-ce pas la fidèle représentation des cafés et des cercles de nos villes de province ?