Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de deux beaux yeux rallumeront en lui toutes les visions de l’amour brisé[1].

Il semble que, dans ce grand poème en l’honneur de Béatrice, il ait tenu à ce que certains souvenirs, tendres ou charmans, eussent aussi leurs strophes à eux, comme des figures secondaires viennent orner les soubassemens d’un monument élevé à une gloire qu’on a voulu immortaliser.


On s’est beaucoup occupé de cet éloignement de Florence qui devait séparer Dante, pour un temps plus ou moins long, de l’objet constant de ses pensées. Ce n’était certainement pas une partie de plaisir qu’il faisait avec de nombreux (molti) compagnons, mais une obligation qu’il subissait à contre-cœur, et où, jeune homme de vingt ans, il emportait les pensées obsédantes et mélancoliques d’un amoureux contraint de s’éloigner d’une maîtresse adorée. J’emprunte au Prof. del Lungo des détails intéressans au sujet de cet incident sur lequel, suivant son habitude, le poète laisse planer une obscurité toujours difficile à éclaircir[2].

  1. Chapitre XXXVI.
  2. Del Lungo, Beatrice nella vita e nella poesia del secolo XIII, Milano, 1891.