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livrés à un trouble inexprimable, et plongés dans une atmosphère de doute angoissant, que les esprits d’élite subissaient aussi bien que les foules ?

Les idées et les raisonnemens suivaient alors, si l’on veut me permettre cette manière de parler, des procédés perdus aujourd’hui et bien difficiles à retrouver. Les écrivains les plus distingués, à qui nous devons tant de commentaires précieux de l’œuvre dantesque, ont peut-être eu le tort de trop chercher la logique et la clarté modernes dans des esprits faits autrement que les nôtres.


La réponse de Guido n’est pas moins difficile à déchiffrer que le sonnet de Dante. J’ai dû la traduire aussi littéralement qu’il m’était possible, sans me préoccuper des interprétations auxquelles elle pouvait être soumise. On a cru trouver dans les allusions funestes qui la terminent, et ne sont qu’indiquées dans la réponse de Cino (beaucoup plus claire dans son ensemble), l’expression des angoisses de Béatrice, déjà mariée à l’approche d’un amour qui ne pouvait qu’être coupable[1]. Mais le sonnet ne

  1. Scherillo, alcuni capitoli della biografia di Dante. Voir